Portrait de Shynne Park
Shynne Park
La solidarité en équipe
Shynne Park est engagée avec son équipe auprès de jeunes en difficultés, sur un dispositif atypique et profondément humain.
Découvrez ce qui l’anime, ce qui l’a construite, et ce qui lui donne la force de faire vivre ce dispositif.
Shynne Park, 41 ans, Responsable du dispositif DPP, Emmaüs Alternatives
Un engagement né avec le goût du multi-culturel
Ce qui la définit : les valeurs du collectif
La valeur du "ensemble"
Les premiers mots sont toujours très révélateurs sur les valeurs fondamentales d’une personne. A la question « Qu’est-ce qui te définit ? », Synne répond sans hésiter :
La loyauté, l'intégrité face à mes relations professionnelles et face aux jeunes qu’on accompagne. Le sentiment de vouloir faire équipe avec les personnes qui travaillent avec nous.
Elle pensait qu’on parlerait uniquement de son dispositif, pas d’elle. Surprise, un peu déstabilisée, ses réponses n’en sont que plus authentiques. Très vite, une valeur émerge : le collectif.
Les valeurs de collectif dont elle parle, nous allons les retrouver tout du long de cet entretien avec elle.
Elle précise déjà :
Je n’aime pas le travail individuel, j’aime le collectif. Je crois à la force de plusieurs personnes réunies pour faire les choses bien. Même si on échoue, on l’aura tenté ensemble.
Spontanéité et réflexion : un équilibre précieux
Mais Shynne est un équilibre bien dosé. Avec cette importance du collectif, elle a aussi la capacité à agir seule, rapidement, de manière spontanée. Et quand elle décrit ses journées, tout de suite elle rentre dans le combat.
Trouver la possibilité de pouvoir faire avec engagement et militantisme. La circulaire de Retailleau, par exemple : quel impact ? comment réagir ? On cherche des certifications pour les jeunes, ça leur servira.
Shynne sait doser spontanéité et réflexion. Elle agit vite, mais toujours avec l’envie de partager, de construire avec l’équipe. Cette dualité fait sa force.
Ce qui l'a forgée
Le racisme
Née en France de deux parents étrangers, Shynne a eu toutes les difficultés que vit un étranger : racisme, mise à l’écart, discrimination, préfecture, barrière de langue. Elle a grandi avec ça.
Tout ce que je vis aujourd'hui a des liens avec ce que mes parents ont pu vivre, ça a dû me porter.
L’autonomie précoce
Enfant, seule française au foyer, elle a dû porter toutes les démarches administratives pour ses parents.
Adolescente, Shynne a fait le lycée autogéré de Paris. D’un fonctionnement alternatif, ce lycée ne notait pas les élèves, les profs et les élèves étaient au même niveau, tout était géré en collectif : les relations extérieurs, le ménage, le budget… Ne cherchez pas, ce lycée a fermé en juin 2024.
Tout cela a rendu Shynne très autonome, responsable, collaborative. Ces qualités, Shynne les reproduit aujourd’hui dans son équipe.
Dans son équipe, tout est décidé en collectif : Shynne est vigilante à laisser la parole et à être là quand ça ne va pas.
En majorité, la dynamique de travail est agréable. Shynne veille à enrichir la proximité : elle est d’ailleurs dans le même bureau que tout le monde.
Shynne propose des idées, l’équipe en échange ensemble, tout le monde s’enrichit, il y a une grande confiance mutuelle.
L’équipe trouve très agréable de pouvoir rire et échanger ensemble. Les jeunes savent aussi que Shynne leur rappellera les limites quand ce sera nécessaire : Shynne sait leur poser un cadre, même si c’est parfois difficile. Pour elle, la diplomatie fait partie du soin apporté à l’autre.
Ses réussites
L'envie de bien faire
A chaque étape, l’envie de bien faire, de progresser, porte Shynne au quotidien.
Chaque moment, Shynne vit la satisfaction de bien faire les choses, d’avoir des retours bons.
Shynne s’engage auprès de son équipe, elle se nourrit de ce qu’elle peut de chacun, de leurs actions et leurs attentes sur les projets.
Porter son équipe
Shynne aime une bonne cohésion, elle veut être moteur et espère nourrir humainement.
Elle s’intéresse à chaque chose naturellement, elle cherche à être force de proposition pour créer des passerelles, pour que chacun ne soit pas isolé.
Shynne a aussi des idées très vite.
Je suis rassurante parce malgré les difficultés, je suis fiable : je n’ai pas forcément la réponse, mais je ne fuis pas.
Aujourd'hui
Ses objectifs
A la question des objectifs, on retrouve tout de suite le caractère combatif de Shynne.
Politiquement : beaucoup de choses sont difficiles, on doit tenir.
Chaque année, le risque de devoir arrêter le dispositif est évoqué. Il est vrai que les sujets traités sont compliqués : santé mentale et prostitution notamment. Mais Shynne est persuadée que le dispositif peut continuer, que l’équipe est capable de l’adapter selon les besoins. L’objectif ? Résister pour toujours exister.
Pour ça, son objectif est naturellement de passer le flambeau. Pour que ça ne s’arrete pas. Pour que ce qui a été créé dure. Parce que sur de tels enjeux, arrêter ne peut pas être envisageable.
Ses motivations
Shynne aime monter des projets avec des personnes qui en bénéficient : c’est ce qui l’anime.
En plus, dans ce projet, dans la rencontre avec ces jeunes, on on crée ensemble.
Ses joies et ses difficultés
Ses joies ? Voir que l’équipe est super motivée, contente et épanouie dans ce qu’ils font. C’est gratifiant.
Shynne partage souvent leurs joies parce qu’elle les vit avec les jeunes.
Ses difficultés ?
Dans les équipes, le travail est tellement intense que chaque grain de sable peut prendre des proportions importantes.
40 jeunes, des situations de détresse, des urgences permanentes… Chaque petit accroc peut avoir de grandes répercussions. Mais l’engagement reste intact.
Et demain ?
Qui voudrait-elle devenir ?
Bonne question. Rien n’a été réfléchi. Je veux me sentir compétente pour ce que je fais, et que ça puisse avoir des impacts positifs sur des personnes.
Ses projets
Shynne est consciente que ce qu’elle vit aujourd’hui lui permet de se spécialiser sur les jeunes de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Pour autant, elle ne s’interdit pas de découvrir un autre public.
Emmaüs Alternatives est un projet fort. Fragile aussi. Il mêle chantier d’insertion et accompagnement social : une combinaison puissante, mais fragile aussi car les modèles sont différents. Aujourd’hui, 50 jeunes y sont accueillis, contre 10 au démarrage.
Shynne se voit sur des dispositifs atypiques et qui permettent de pouvoir travailler en équipe. Cette dynamique lui correspond.
Elle aimerait développer ce qu’elle fait aujourd’hui pour que ça soit répandu : ce serait possible dans plein d’endroits. Ce dispositif apporte en effet quelque chose que l’Education Nationale ne peut pas faire.
En conclusion : toujours l'équipe
Le travail dans la solidarité en équipe est essentiel, quel que soit le domaine. On ne peut pas être bon seul.
C’est sans appel : d’après Shynne, le projet n’en serait pas là sans l’équipe.
Une équipe incroyable : avec des personnalités solides, d’horizons très différents, qui fait de jolies choses et grâce à qui les jeunes se sentent bien.
Shynne est fière du dispositif développé. Malgré un contexte opposé dans le pays, elle reste confiante. Avec un énorme coup de cœur pour cette équipe qui permet aux jeunes de regagner confiance, de se penser capable. C’est une satisfaction portée en équipe et avec ses supers partenaires (notamment Paysan Urbain).
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